CAR Avenue << anticipe la transformation de la distribution automobile >>
Suite au RACHAT de plusieurs CONCESSIONS AUTOMOBILES en Moselle, CAR Avenue peut commercialiser de nouvelles marques de véhicules sur le département qui est le bastion du groupe de 2 600 collaborateurs. MARTIAL PIDOLLE, directeur général pour la Lorraine, revient sur ces acquisitions et sur la STRATÉGIE COMMERCIALE de l'entreprise qui pèse 1,8 milliard d'euros de chiffre d'affaires.
Début janvier, le groupe CAR Avenue a racheté plusieurs concessions automobiles. Pouvez-vous en dévoiler davantage?
- « Depuis 2023, le groupe CAR Avenue a racheté les concessions Fiat à Woippy et Lexy, Abarth, Alfa Romeo et Jeep à Woippy, et Kia à Thionville. Ces opérations doivent nous permettre de commercialiser 400 véhicules neufs supplémentaires et de renforcer nos relations avec les groupes Stellantis et Kia en Lorraine. Nous avons intégré à CAR Avenue les 31 collaborateurs qui composaient les équipes de ces concessions. »
Avec ces rachats, vous allez aussi réorganiser les points de vente du groupe en Moselle ?
« L’objectif est en effet d'intégrer ces nouvelles marques actuellement commercialisées à Woippy à notre espace de vente localisé boulevard Solidarité à Metz, dans lequel nous distribuons déjà des véhicules Citroën, DS et Peugeot. Avant, une concession comptait une seule marque, dont la gamme de véhicules était exposée dans un immense showroom. Aujourd'hui, nous cherchons à optimiser les mètres carrés en intégrant de nouvelles marques à nos espaces de vente, à l'image ici de Fiat ou Jeep... Ce faisant nous anticipons la transformation qui bouscule la distribution automobile et la stratégie de Stellantis visant à réduire son nombre de concessions et à regrouper ses marques sur de mêmes showrooms. Cela permet également de centraliser l'intégralité du service aprèsvente et le back-office et de proposer à nos clients un parcours simplifié. Les marques Fiat, Abarth, Jeep, que nous trouvons actuellement route de Thionville, seront également transférées ici (boulevard Solidarité, ndlr) à partir de 2024. Grâce à ces réorganisations, nous répondons aux enjeux environnementaux et économiques actuels en nous montrant plus responsables dans nos consommations énergétiques. »
Si vous proposez plus de marques sur un même espace, cela signifie-t-il que vous devrez faire un choix parmi les véhicules présentés ?
« Ce qui compte pour le client, c'est de trouver le véhicule qui correspond à son choix, à ses besoins. Les usages ont changé, nous sommes passés à une relation phygitale. Le client fait ses recherches et se renseigne sur Internet avant de se rendre en concession. En ce qui concerne les véhicules présentés, des choix seront faits mais toutes les gammes que nous commercialiserons resteront disponibles sur place pour des essais. »
Comment appréhendez-vous l'avènement de la voiture électrique ?
« La fin du moteur thermique est programmée par le gouvernement en 2035. Mais l'autre donnée importante, c'est l'apparition progressive des zones à faibles émissions (ZFE) qui rend l'accès impossible à certaines villes aux véhicules les plus polluants (onze Métropoles dont Strasbourg ont déjà adopté le dispositif, ndlr). Metz et Nancy n'y couperont pas. Les constructeurs comme Stellantis changent leurs modèles industriels au prix de grands efforts de transition pour passer à l'électrique. L’objectif de CAR Avenue est de guider ses clients dans cette transformation. Aujourd'hui, la voiture électrique représente 25 % de nos prises de commandes et ça va continuer de grimper. Début 2022, nous nous situions plutôt à 10 %. »
Quand pensez-vous atteindre 50 % de ventes de véhicules électriques ?
« D'ici quatre à cinq ans, il est certain que nous y serons. Maintenant, l'enjeu, c'est d'avoir une couverture adaptée de bornes sur le territoire ... »
Comment un groupe comme CAR Avenue peut-il encourager l'écosystème de la voiture électrique à se développer?
« CAR Avenue Watt a été conçu à Lesménils pour parier sur l'avenir. On est désormais capable d'accompagner les particuliers du conseil à la pose de leur borne de recharge, quelle que soit l'installation dont ils disposent déjà chez eux. Globalement, la France est en retard par rapport à ses objectifs d'équipement en bornes électriques (100 000 étaient prévues en 2020 mais le pays n'en comptait que 82 107 au 31 décembre 2022, ndlr). Mais ce décalage sera rattrapé. »
La transition vers l'électrique pourrait peser sur l'activité de CAR Avenue puisque le groupe réalise 20 % de son chiffre d'affaires sur la maintenance et l'entretien des véhicules thermiques ...
« Électrique ou thermique, un véhicule doit être entretenu pour durer. Sur les véhicules électriques, les opérations comme les vidanges n'existent plus. Elles sont remplacées par d'autres comme le contrôle des batteries, de l'électronique. Cette transition vers l'électrique n'a pas d'impact notable sur notre activité carrosserie... Toutefois, nous nous attendons à connaître un changement de business model en ce qui concerne l'après-vente. C'est pourquoi, quelle que soit la motorisation, la formation de nos collaborateurs est capitale. Pour le moment, les études démontrent que nous serons résilients sur le marché thermique jusqu'en 2030. Le parc automobile compte 40 millions de voitures qu'il faut continuer à entretenir.»
Le groupe continue-t-il donc de développer des services après-vente ?
« Dans ces services, nous recrutons régulièrement. Nous venons d'ouvrir la société Jantes Alu Services à Lesménils spécialisée dans la réparation des jantes. Cela nous permet de ne plus avoir recours à un prestataire externe à la reprise d'un véhicule d'occasion. Ce service est proposé à nos clients. La qualité des jantes est un élément important aux yeux des consommateurs. »
Comment les crises influencent-elles le marché de l'automobile ?
« Le marché de l'automobile subit une décroissance mondiale. La crise des composants a provoqué des difficultés pour produire des véhicules. Le phénomène s'est amplifié avec la guerre en Ukraine puisque ce pays est un sous-traitant automobile important, surtout dans la fabrication des faisceaux électriques. Nous notons un ralentissement dans le renouvellement du parc automobile. Le vieillissement de ce dernier contribue à l'expansion de notre activité après-vente.»
Et l'augmentation des prix du carburant?
« Lors de chaque augmentation du prix du carburant, nous constatons un intérêt grandissant pour les véhicules électrifiés. Une charge à domicile coûte en moyenne 8,75 euros pour une autonomie de 350 kilomètres. Un trajet en thermique coûte six fois plus cher qu'un trajet en électrique. Le calcul est vite fait ... »
Propos recueillis par Jonathan Nenich
La Semaine 02/02/2023